Un hiver social toujours plus rude !
Un hiver social : toujours plus rude !
« On n’a plus le droit, ni d’avoir faim, ni
d’avoir froid… comme le clamait Coluche.
Malgré la mobilisation, toujours aussi tenace, de ses successeurs altruistes et de celle du SAMU social, ce (non-)droit reste malheureusement, encore bafoué tous les jours. En effet, chaque froideur de la nuit, rallonge un peu plus, la liste des victimes enfermées dans la précarité.
L’hiver de plus en plus rude, nous rappelle que la misère sociale n’est pas toujours hors de nos frontières, mais qu’elle est bien présente devant nos portes : le nombre d’allocataires du RSA poursuit sa course effrénée et le nombre d’actifs occupant un emploi précaire (c'est-à-dire peu rémunéré, de courte durée et sans promotion), représente aujourd’hui plus de10% de la population active. Cette insécurité économique et sociale pourrait s’amplifier dès cette année avec les plans d’austérité généralisée. Ces emplois sans lendemain fragilisent toute une partie de la population active car la trappe entre précarité et pauvreté reste toujours entrouverte. Les personnes enfermées dans ce statut, sont obligées de gérer l’incertitude et de renoncer à des projets. Elles ne peuvent par exemple se loger décemment à défaut de garanties sociales suffisantes.
Le travail précaire appauvrit de plus en plus les actifs. Les personnels des centres d’accueil et des associations humanitaires en sont les témoins quotidiens. La pauvreté continue donc de se développer, mais elle n’est plus la même qu’il y a un siècle, car certains, ne vivent pas dans le dénuement total. Aujourd’hui, il ne suffit plus de travailler pour sortir de la pauvreté.
La pauvreté n’est pas seulement financière. Elle résulte de conditions de vie de plus en plus difficiles pour plus de 8 millions de personnes vivant avec moins de 930 euros par mois. Le phénomène des actifs pauvres se répand massivement à cause de la dérégulation sociale imposée par une économie sans éthique sociale.
L’appauvrissement du travail pour enrichir le capital trouve là ses limites.
Combien de victimes faudra-t-il voir annoncer par les médias, pour qu’enfin le gîte et le couvert soient assurés pour tous les citoyens durant cette période hivernale et les suivantes ? Comment peut-on rester si indifférent devant cette mort glaciale, qui attend au détour d’une rue, sa prochaine proie parmi les plus démunis ?
A-t-on oublié les queues de plus en plus longues devant les « Restos du cœur » et de ces sans logis en quête d’un logement pour leurs enfants offrant pourtant les garanties d’un travail sûr ?
Comment ne pas entendre les cris de l’exclusion sociale ?
Voilà les signes que la pauvreté gagne de plus en plus de terrain avec la hausse du chômage. Aujourd’hui personne n’est à l’abri de cette fragilité sociale !
Face à cette alarme sociale que chaque hiver déclenche, il est urgent de rétablir et de faire respecter l’ordre public social. La misère sociale n’est pas une fatalité à laquelle nous devons nous résigner en invoquant des «lois naturelles » ou des « lois du marché » où règne en maître l’individualisme. La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale est un défi qui se pose à tous les acteurs de la vie économique et qui nécessite un véritable « New Deal social » capable de réduire cette fracture. Alors ne faudrait-il pas renouer avec l’Etat-Providence, le temps de combattre cette ségrégation sociale, plutôt que de s’en remettre à la loi du plus fort : celle du marché ? G.F.